2013/06/16

Quand une fille n'en peut plus - Part. 2 - L'Urgence

Vendredi, 15 février: je me présente aux Urgences. Vendredi pour lequel j'ai pris un congé. Je suis sur l'interminable liste d'attente pour être vue pour une possible et éventuelle hystérectomie depuis plusieurs plusieurs lunes, mais là, au seuil de l'apoplexie, attendre encore plusieurs plusieurs lunes ne me semblait plus raisonnable.
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Me voici donc à l'hôpital (ce que c'est brun ici!), journée où toute la région a aussi décidé de visiter l'Urgence, en particulier par ambulance. Je suis arrivée à 14h30. Je suis passée au triage vers 17h00 pour être recrachée dans la salle d'attente vouée aux cas "prioritaires". "Yé!" ai-je pensé, "Je devrais voir un doc d'ici 2 ou 3 heures" - comprenez, je ne voulais pas me créer d'attentes.

Innocente enfant...

Garde!
Allez Hop! Cascade!
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... j'ai vu le doc le lendemain matin à 8h30. Une véritable tornade avec un petit pli entre les sourcils. Allez - Hop! Cascade! - analyse mon cas consciencieusement en quelques minutes et ressort de la petite pièce peinte vert-menthe (qui aurait vachement besoin d'être rafraichie) pour m'envoyer une gentille infirmière. Tout aussi efficace, elle m'aspire ce qui me semble des litres de sang non sans avoir cherché pendant un interminable moment une veine digne de recevoir son aiguille. Petit diachilon, remise d'un papier 3 couleurs et Hop! "présentez-vous à la radiologie". "Euh..."

Il m'a fallu faire un détour pour m'y rendre. Il y avait tellement de monde qu'on avait fermé deux corridors pour y stationner des patients sur civière. Je reconnaissais les chialeux et les silencieux de la veille que j'avais côtoyés dans la salle d'attente. J'aimerais vous dire qu'un lien secret nous unissait, mais non. Ici, c'est chacun pour soi.

Y'avait qu'une technicienne à la Radiologie et près d'une dizaine de patients. Super gentille, elle me dit de boire beaucoup, beaucoup, beaucoup et de lui dire quand j'aurais une grosse envie d'uriner. "Euh...."  Trop tard, elle était retournée à ses instruments. Je suis allée m'acheter une super bouteille de Gatorade à l'orange. Les machines à grigontines aussi sont brunes.

c'est que...
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Au bout d'un bon 90 minutes, voilà qu'on sussure mon nom à l'intercom. Ça ne provient pas de la Radiologie toutefois, mais plutôt de l'Urgence. J'ignore l'appel 3 fois, car on insiste, mais j'ai pas passé mon écho et j'ai tellement envie de pipi, je sais pas si je vais être capable de marcher. Pour être franche, je ne veux pas perdre mon tour. Au 4e appel, avec toute la force de mon mental dans mon muscle coccygien, je rebrousse chemin vers l'Urgence. On a reçu mes résultats sanguins et on m'attend avec une chaise roulante afin de me dérouler sur une civière. C'est que j'ai le globule rouge en souffrance et carrencé et je pourrais m'effondrer à tout moment (ça, c'était arrivé la veille en arrivant à la maison - mais où sont les pompiers quand vous avez besoin de ressusciter?). On m'installe sur une civière qui sent le Bengay dans le poste d'observation. Ça fait des lunes que j'ai le globule souffreteux - vous avez pas vu dans mon dossier? - puis-je aller passer mon écho maintenant, c'est que j'ai vraiment, vraiment envie...

J'ai réussi à m'éclipser en douce pour retourner à la Radiologie au bout d'une heure. La technicienne me cherchait, justement. "Ah! Vous êtes là!". Enfin, c'était mon tour.

Super Pat!
Il appert qu'à première vue, je n'ai pas un utérus, mais un super utérus, 2,5 fois la grosseur normale, équivalent à celui d'une femme enceinte de 4 à 6 mois. Pas surprenant que le monsieur m'ait souhaité bonne chance l'été dernier, il avait l'oeil! La radiologiste s'est exclamée devant son ampleur et a pris plein de clichés et mesures de son diamètre et des nombreux fibromes qu'il contient. "Vous avez un méchant utérus!" et "C'est de l'utérus ça madame!" résument assez bien l'ensemble des commentaires qu'on a laissé échappés devant moi. On s'est fait un devoir de toujours resté poli.

Retour à l'Urgence. Pipi. Re-visite aux machines à grignotter. Retour à ma civière. Je suis fatiguée, je veux rentrer chez moi, aller prendre une douche. Retour de mon médecin tornade avec son petit pli entre les sourcils. "On" a jasé de mon cas - "on" étant sûrement d'obscures personnes réunies en conciliabule autour de mon dossier. Il a été décidé de me faire rencontrer la gynécologue de garde dans 2 jours à son bureau privé, c'est impossible aujourd'hui. On va par contre me donner quelques transfusions avant de me donner mon congé, ça devrait aider. "Euh..."

Et c'est comme ça qu'on a roulé ma civière dans une autre section. Nouveaux préposé et infirmier qui se présentent, comme les serveurs chez Pacini. "Bonsoir, je serai votre infirmier pour la soirée". Deux rangées de patients séparés par de petits rideaux fleuris. Je suis installée dans un bout de rangée. La dame à ma droite est hospitalisée depuis 3 jours et je l'entends parler de sa "régularité" qui est déréglée quand elle n'est pas chez elle. Ne pourrait-on pas lui donner un petit quelque chose...? Prout, prout... Même à l'hôpital, je n'y échappe pas.

M'enfin...

Le temps s'écoule au rythme du goutte à goutte de mes 2 perfusions sanguines. Je peux maintenant faire des pubs en manches courtes pour la Croix-Rouge. On m'a enlevé mon cathéter vers 23h00 et j'ai pu rentrer à la maison finalement, 33 heures après l'avoir quittée. J'ai filé sans attendre - un chat tombé dans l'eau froide n'aurait pas fait plus vite. Quand je suis arrivée, mon fils, qui devait être chez son père, était là. Super inquiet, je me suis fait accueillir par un "Mais t'étais où?" Il m'imaginait avec un amant et m'envoyant en l'air. Il a blêmi quand il a vu mon bras et ma main pleins de sang coagulés... Ouep.

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Quarante-huit heures plus tard, je suis allée voir la gynécologue. J'en ai même vu 2. Mon utérus est tellement gros qu'on doute qu'il puisse être retiré par une incision "bikini", faudrait y aller à la verticale (quand à moi, on pourrait me faire un "Z" si on pouvait m'opérer tout de suite...). Mais mon hémoglobine est trop basse et on veut que ça remonte avant de me faire passer sous le bistouri. Je me gave donc de fer. Et on m'induit une ménopose par vaccin. Ça devrait réduire la grosseur de mon utérus et les fibromes. Fascinant, quand on y pense, car on trompe mon cerveau en y injectant une substance de synthèse. M'enfin... Et puis on m'a dit de me tenir tranquille afin d'éviter de provoquer toute hémorragie. Opération prévue en mai ou juin. Soupir... Ça me semble si loin...

Le temps s'étire et je dors... je dors...! Ce que je dors...



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2013/06/04

Quand une fille n'en peut plus - Part. 1 - Prémisse

Je vis au Québec. Terre promise, terre sacrée s'il en est une. C'est ici que je replanterais mon drapeau me donnerait-on le choix de m'installer où je le veux. Il y aurait bien la Grande-Bretagne avec sa pluie et ses brouillards. Mais je suis convaincue qu'on mange mieux ici: je préfère donc garder le vieux continent à l'épicentre de mes envies touristiques.

Ma terre promise n'est pas que vastes étendues, forêts, espaces et accueil. Elle est aussi vieillissante et engorgée par endroits. Comme son réseau de santé.

Loin de moi l'idée de me plaindre! Pas certaine qu'on puisse trouver ailleurs si bonnes intentions et universalité des soins. Mais j'ai mal. Et ça ne va pas. Il me faut être opérée. Me retrouver sur une liste d'attente, loin de me ravir, me déprime.

Je vais donc ici me raconter un peu, raconter ces quelques moments de mon passage obligé par le bistouri, histoire d'immortaliser mes péripéties "hospitalières". Je veux me rappeler le tout de façon comique et sympathique, cesser le marasme. Je ferai de moi l'héroïne d'un roman feuilleton. 

Parce que quand une fille n'en peut plus...


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2013/05/27

Navigation et Stratégies


Vous y arrivez, vous, à naviguer dans la vie sans trop penser et à rouler votre bosse tous les jours sans vous poser trop de questions?

Et bien moi, pas.

Comment fait-on pour trouver sa voie, faire entendre sa voix et agir avec cohérence, discernement en toute situation, tous les jours? Il y a un mode d'emploi?

Je suis convaincue que le bonheur et la joie sont intrinsèques, qu'ils jaillissent de l'essence même des individus. Mais vivre en société, être une infinie partie d'un tout, complique les choses. Confronté aux réalités et désirs des autres, l'individu doit trouver le juste équilibre entre ceux-ci et les siens. Trouver une façon élégante de se positionner n'est pas toujours chose facile ni un gage de sa transparence.

J'ai souvent l'impression d'avoir deux personnalités, deux "moi" distincts pour y arriver. Une énergie pour les situations sociales et une seconde pour le reste. J'ai longtemps cru qu'il était frauduleux d'être ainsi, de pouvoir pépiter, rire et dégager une très grande énergie en public alors que j'aime le silence, méditer et boire du thé lorsque retirée dans mon antre.

Frauduleux? Non. C'est ma façon d'être, une stratégie de survie que la petite "moi" a su peaufiner pour grandir dans le monde sans trop de heurts. Vous en avez aussi, de ces stratégies? Je me dis qu'on doit tous en avoir. Ni bonnes, ni mauvaises, s'agit de voir si elles sont utiles et bénéfiques, de les apprécier puis de les valider plutôt que de les juger. Puis de se défaire de celles qui ne nous servent plus.

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2013/05/15

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